La Semaine des Cordes Pincées 2007, jour 4

Publié le par Laurent

La fatigue commençait à se faire sentir et j’eu bien du mal à me lever. Du coup, je ratais le rendez-vous à l’hôtel avec les flamencos à qui je souhaitais dire au revoir avant leur départ. Ils jouaient à Toulouse le soir et ne devaient pas tarder. Je me consolais par un dernier coup de téléphone.
Le flamenco est mon « dada » depuis près de 25 ans. Mon amitié avec Lionel et Hugo date de cette époque. Je découvrais Paco de Lucia, Hugo apprenait la guitare flamenca pour répondre à son âme de gitan déjà bien présente et Lionel était né au Ste Marie de la Mer à l’époque où la ville était gitane ; ses parents fréquentaient plus ce peuple d’honneur et de fierté que les "payos" des alentours ce qui a fait de lui l’homme libre et généreux qu’il est dans tous les sens du terme.
 
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L’amitié des 3 compères en famille (2004)
 
Tout ça pour dire que petit à petit s’est forgé en moi une sorte de double personnalité sans qu’aucune prenne le dessus sur l’autre. Je me sens comme un poisson dans l’eau lorsque je suis avec mes amis flamencos mais je suis tout aussi bien dans ma vie plus « convenue ». La soirée flamenco de la Semaine des Cordes Pincées est de ce fait très particulière car mes deux vies se rejoignent à ce moment. C’est probablement pour ça que mon émotion est plus grande qu’à d’autres moments.
Kiko et ses compères m’ont offert sans le savoir un beau cadeau avec cette soirée pourtant simple et traditionnelle. Un grand merci.
 
La fin de la semaine approchait et j’attendais avec hâte et une certaine appréhension l’arrivée d’Eric Franceries et de Jérémy Vannereau.
Leur voyage fut des plus éprouvant. Partis de Lyon à midi, ils n’arrivèrent à Caen que vers 18h45 par un train venant de Paris dans lequel ils voyagèrent assis par terre.
Malgré ça, je rencontrais deux personnes d’humeur joviale, qui prenaient la situation avec une certaine philosophie.
A Puzzle, je pu constater le professionnalisme d’Eric. Je croyais qu’en arrivant il aurait souhaité prendre un petit quart d’heure pour se poser. Mais non ! A peine arrivé, il se chauffait sur la cadence du concerto d’Aranjuez et de la Fantaisie pour un gentilhomme. Incroyable !
 
Cela faisait deux ans que j’étais en contact avec Eric et son agent. En fait, je n’avais pas trop d’affinités avec les enregistrements que j’avais. Je me lasse de Bolling et la maquette du duo Buenos Aires que j’avais était une des premières avec un programme qui me paraissait mal équilibré. Pourtant, les quelques contacts que j’eu en direct avec lui étaient bons et sa réputation le précédait. Sans parler du vieux souvenir d’enfance d’un 33t du duo qu’il avait constitué avec son père. Bref, je m’étais décidé au feeling à lui demander de venir selon une configuration particulière. Une première partie de guitare « classique » et une seconde plus traditionnelle de guitare et bandonéon.
 
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Je voulais tester une remarque de Gérard Abiton l’an dernier à qui j’avais fait part de ma déception de ne pas avoir eu une salle pleine pour son concert. Gérard m’avait dit que je n’aurais pas du annoncer un concert de guitare classique mais plutôt de musique espagnole (le programme qu’il jouait ce soir là).
 
Cette année donc, j’annonçais une soirée de musique d’Argentine. Je ne saurai jamais si Gérard avait raison toujours est-il que nous avons refusé du monde.
J’avais un peu l’impression de tromper une partie du public qui s’attendait à une envolée de tango tout azimut et qui se retrouvait « coincé » à écouter une première partie de 25 min de guitare classique mais je pensais à la démarche identique de Julian Bream lorsqu’il souhaitait imposer à son public de luthiste d’écouter de la guitare classique.
 
Bref, Eric nous proposa un récital magnifique fait d’œuvres peu ou pas connues, même des guitaristes (à part la Guajira d’E.Pujol) tout en faisant dans une certaine facilité d’écoute. Effectivement certaines personnes n’ont pas accroché (c’était le risque) mais d’autres ont beaucoup aimé et vite pardonné ma petite « entourloupe ».
 
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La seconde partie était donc consacrée à l’histoire du tango dans un programme pour guitare et bandonéon. Le duo Buenos Aires nous offrit une belle heure de musique. Chaque morceau était introduit par Eric avec clarté et simplicité. Jérémy Vannereau fit montre d’un sens du phrasé très argentin au point qu’un guitariste caennais d’origine argentine présent dans la salle me demandait si nous n’avions pas été trompé par les origines de Jérémy.
 
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C’était le dernier concert et comme avec les 2 précédents, j’étais ravi. A titre personnel car j’avais écouté d’excellentes prestations mais aussi en tant qu’organisateur car je n’avais eu que de bons échos. Une fois de plus, j’étais rassuré : le projet avait sa place. Ce n’était pas qu’une lubie personnelle.
 
L’après-soirée fut plus calme que la veille mais tout aussi agréable. Jérémy devait reprendre un train vers 09h et Eric avait encore une master-class à délivrer l’après-midi. Ça sentait la fin.
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