La Semaine des Cordes Pincées 2007, jour 3

Publié le par Laurent

Les grèves sévissent toujours et mon père du faire l’aller-retour à Paris pour ramener nos deux musiciens. Les seuls trains annoncés n’étaient pas garantis et risquaient d’être particulièrement plein. Il n’était donc pas envisageable de laisser Maître Kimura et Atsuko Constant avec leurs instruments d’un peu moins de deux mètre dans ces conditions. Heureusement que mon père « avale » aussi facilement que moi les kilomètres car l’équipe flamenco devait arriver vers midi et je ne pouvais donc pas faire ce voyage à Paris. Une épine dans le pied en moins !
 
L’histoire s’arrêterait là si Kiko Ruiz ne subissait pas aussi ces grèves. Arrivé à Orly à 09h15 avec son frère et le chanteur, Mariano Zamora, ils avaient loué une voiture pour se rendre à Caen. La sortie de la banlieue parisienne fut particulièrement difficile et ils n’arrivèrent à Caen que vers 15h30. Son ingénieur du son arrivait de son côté et eu la malchance de louer une voiture qui tomba en panne. Résultat, il ne fut sur place qu’à 16h30 et commença donc la balance avec retard.
 
Du coup, le concert commença avec un peu de retard mais l’impatience du public fut bien vite oubliée. Kiko et ses 2 compères nous offrirent un florilège de son dernier disque « Cachito de Vida » avec quelques excursions dans le premier « Cuerda y Madera » et aussi, en cadeau, une rumba et surtout une fulgurante buleria, toutes deux  non encore enregistrées. Cette buleria a été jouée en second bis et dernier morceau du concert. Sa brillance et son punch ont laissé tout le monde sur un grand moment. Etrangement son écriture est différente des autres pièces de Kiko. Beaucoup plus percussive, elle se rapproche plus du style traditionnel du flamenco d’aujourd’hui.
 
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Francisco « Paco » Ruiz, Kiko Ruiz, Mariano Zamora
 
Un concert très bien équilibré mais un peu court. Une heure de musique, bis compris. Je craignais un peu les reproches du public mais tout le monde était content. J’en parlai avec mon ami Manuel présent dans la salle et sa remarque m’amusa : « ce n’est pas le concert qui était court mais Kiko qui joue vite ».
 
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Plus sérieusement, il est vrai que sa technique est assez impressionnante mais il y a une telle mélodie dans ces pièces que la technique se retrouve au service de la musique. A aucun moment on a l’impression, comme s’est parfois le cas, de n’entendre qu’un exercice de style. Bref un grand moment.
Nous eûmes du mal à sortir de Puzzle tant les trois protagonistes étaient accaparés par les « fans ».
 
La soirée se termina à l’appartement et, après quelques agapes, c’est Paco qui lança les réjouissances en se mettant à chanter. Mariano pris aussi la guitare pour s’accompagner. Bref, tout se mélangait. Jusqu’à une heure avancée, nous eûmes droit à un enchaînement de bulerias, alégrias et rumbas.
 
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Paco Ruiz al cante
 
C’est en général ce moment que je préfère. Les musiciens sont détendus et ne chantent et jouent que pour leur plaisir. Un moment de vérité et d’authenticité indispensable pour comprendre cette musique.
 
 
Je me faisais un plaisir de la venue de Kiko Ruiz et franchement je ne fus pas déçu. Un guitariste à part dans le milieu du flamenco et un homme d’une grande gentillesse. Son frère, Paco, est moins réservé et adore faire la fête. Mariano m’a semblé être un homme qui manque de confiance en lui mais tout aussi agréable que les Ruiz.
 
C’est au court de cette soirée que je compris que ma relation avec Jean-Claude avait changé. De passionnés de musiques traditionnelles, nous prenions le chemin d’une relation plus personnelle. Je sentais que nous nous comprenions mieux et j’étais heureux de cette situation. Il est tellement difficile de rencontrer des gens dont on se sent proche dans nos passions, avec lesquels on peut partager sans avoir peur de ne pas être compris.
 
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