A la recherche d’un enseignant

Publié le par Laurent

Lorsque l’on souhaite pratiquer une discipline, quelle qu’elle soit, se pose la question de l’enseignant.
Le premier réflexe est de faire au plus pratique : près de chez soi ou de son lieu de travail. Il ne s’agit pas là de choisir un enseignant mais un lieu ce qui peut avoir pour résultat le meilleur comme le pire.

Lorsque j’ai commencé l’aïkibudo en 1994 près de Rouen, j’ai fait ce choix. J’ai eu beaucoup de chance car le professeur qui m’accueilli était plein de qualités. Bruno Guilbert, puisqu’il s’agit de lui, avait cette ferveur que procure la foi en son travail et la passion de la transmission. Je n’ai malheureusement passé qu’un an avec lui puisque je suis retourné sur Paris mais je suis certain que j’aurais persévéré à ses côtés si j’étais resté sur Rouen. Et même si je m’essaye à l’aïkido aujourd’hui, j’aurai grand plaisir à passer quelques moments avec lui sur un tatami.

La fougue que je mettais m’a valu une opération du genou gauche mais après une saison de repos, je me décidais à retrouver un club.

Impossible de faire autrement que d’essayer d’entrer au club où enseignait Alain Floquet à l’Association Sportive de la Police de Paris. Il me paraissait évident que, voulant poursuivre l’aïkibudo et vivant désormais sur Paris, je devais me rendre là où se trouvait le plus émérite des Maîtres de la discipline. Grosse erreur ! Non pas que je fus déçu par Maître Floquet, mais c’était principalement ses assistants qui s’occupaient des plus débutants dont je faisais partie. Et même si Alain Floquet passait dans « les rangs » et corrigeait de ci de là, il y avait bien trop de monde dans les cours où je me rendais pour qu’il puisse s’occuper de tout le monde.
 
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Maître Alain Floquet 



J’ai gardé le souvenir amer de ces jeunes coqs fiers du savoir qu’ils avaient acquis et de la confiance qu’ils avaient de Maître Floquet. Ils s’adressaient à nous avec une suffisance déplaisante.
J’ai presqu’eu la chance que mon genou droit se mette à faire des siennes et m’oblige de nouveau à passer sur une table d’opération.

Je ne savais pas que les déplacements professionnels allaient se multiplier au point de m’interdire toute activité personnelle.

Ce n’est que fin 2005, que je pus me repencher sur la reprise d’une activité. Après avoir hésiter avec la guitare que j’avais délaissé depuis des années, je me décidais pour reprendre l’aïkibudo. Mais voilà, aucun club près de chez moi donc impossible de faire un choix. Les quelques courts d’aïkido auquel je m’étais rendu à mon retour de Paris comme « visiteur » pour accompagner une amie ne m’avaient pas convaincu par la discipline. J’avais trouvé l’enseignant hautain. Il se prenait un peu trop au sérieux à mon goût. Comportement que j’associais par erreur à la discipline et non à l’homme. Mais si je souhaitais retrouver les tatamis, il me fallait bien admettre que je devais oublier l’aïkibudo au moins pour un temps.

Ma démarche était simple ; je ne cherchais pas un club mais une professeur avec comme critères : simplicité, travail sans force et ouverture d’esprit.

Les deux premiers club où je me rendis qui étaient aussi les plus proches de chez moi me firent fuir. Cours brouillon pour l’un et un peu trop en force, pratique brutale pour l’autre.

Je me décidais donc pour aller à Herblay en espérant que ma quête s’arrêterait là. Le manque de pratique me fit craquer au bout d’une heure. J’avais oublié que près de 10 ans me séparaient de mon dernier cours. Et la richesse de cette première séance avait eu raison de ma volonté. Et pourtant, aucun travail en force, aucun partenaire donnant l’impression qu’on en fait pas assez. De la patience, de la compréhension de la part de tous et surtout des plus gradés. Sous les directives de Leo Tamaki, le cours se déroulait dans le calme et sans esprit de compétition entre les différents participants. La conséquence est immédiate : aucun des pratiquants ne donne le sentiment de vouloir être meilleur que les autres. Ce qui permet à chacun de trouver rapidement sa place sans se sentir dévalorisé bien au contraire, il en ressort l’envie de faire mieux et la conscience que l’on peut aller au-delà de ce qu’on fourni.
 
 

Leo Tamaki



Leo enseigne moins à Herblay, passant de plus en plus de temps au Japon, mais ceux qui le remplacent, à commencer par son frêre Isseï, gardent l’esprit de son enseignement.

J’aurais l’occasion d’y revenir mais je souhaitais par ce billet mettre en évidence deux points importants lorsque l’on souhaite se lancer dans une discipline :
  • garder à l’esprit que rien n’y personne ne doit altérer son désir d’apprendre,
  • il existe un enseignant qui correspond à ce qu’on attend. Ne pas se « contenter » du plus proche ou du plus « confortable ». Il faut juste savoir ce qu’on veut et prendre le temps de trouver celui qui nous aidera.

Publié dans Pensées martiales

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J
Merci pour ce post. En fait, je me rends compte que je me suis malheureusement trompé dans mon choix actuel. Je pensais avoir trouvé le dojo parfait : pas loin de chez moi, en plus on y enseigne le Muso Shinto Ryu (jodo, kenjutsu voire kobudo pour les plus avancés) avec un professeur réputé. Grossière erreur car j'ai fait une concession au côté pratique.<br /> Je n'ai eu qu'un bout de cours avec un menkyo, super d'ailleurs, un vrai cours ambiance koryu. Mais la compétition envahit le dojo donc je prends conscience de mon erreur. Enfin ça va, ça se corrige.
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